Le président de la République dominicaine, Luis Abinader, est à Washington cette semaine et il a une question qui lui tient à cœur : Haïti. Les deux pays partagent l’île d’Hispaniola et la République dominicaine s’inquiète de plus en plus de l’instabilité politique croissante d’Haïti, de l’augmentation des migrations et de la violence liée aux gangs, autant de phénomènes qui se sont intensifiés depuis l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse en juillet dernier. Depuis cet attentat éhonté, M. Abinader s’est donné pour mission d’inciter les États-Unis et d’autres membres de la communauté internationale à faire davantage pour résoudre cette crise multidimensionnelle. Il s’agit notamment de prendre des mesures concrètes pour freiner la migration et de soutenir une force d’intervention multinationale pour s’attaquer aux gangs haïtiens qui pratiquent les enlèvements. Des sources familières avec la visite du président à l’Organisation des États américains jeudi n’ont pas voulu en dire plus, si ce n’est qu’il prévoit de discuter de la nécessité d’une plus grande implication régionale devant l’organisme hémisphérique. Sa visite précède une apparition le 22 septembre devant l’Assemblée générale des Nations Unies, où il devrait passer à l’offensive et demander une réponse plus robuste de la communauté internationale aux crises sociales, économiques et politiques potentiellement explosives qui se déroulent de l’autre côté de l’île. La visite d’Abinader à Washington, où il devrait également rencontrer la vice-présidente Kamala Harris, intervient alors qu’Haïti s’enfonce davantage dans le chaos. La dévaluation de la monnaie locale, la gourde, associée à la hausse des prix des denrées alimentaires, au manque de dollars américains et à la raréfaction du carburant, qui se traduit par des hausses annoncées des prix du gaz, du propane et du diesel, ont contribué à intensifier les tensions antigouvernementales cette semaine. Mardi, l’ambassade de France à Port-au-Prince a annoncé qu’elle fermait ses portes jusqu’à nouvel ordre. Plus tard dans la soirée, l’ambassade d’Espagne a annoncé qu’en raison des manifestations, son ambassade serait également fermée mercredi. Les dernières tensions ont été attisées par l’annonce du gouvernement selon laquelle il ne pouvait plus soutenir les subventions aux carburants de plus de 400 millions de dollars, ce qui a entraîné la hausse des prix du gaz, du diesel et du propane. Pour protester contre cette annonce, des groupes de jeunes hommes sont descendus dans la rue tard dans la nuit de lundi à mardi et toute la journée de mardi pour tenter de verrouiller la capitale en érigeant des barricades enflammées et en fermant les principales artères.
Alors qu’Haïti sombre dans le pandémonium, le président dominicain fait part de ses inquiétudes à Washington.
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