Depuis la fin du mois d’août, à la date commémorant le début de la révolution de 1804 qui a libéré Haïti, des centaines de milliers d’Haïtiens dans tout le pays sont descendus dans la rue à plusieurs reprises pour demander que le régime du président par intérim Ariel Henry soit déraciné – un processus que les Haïtiens appellent dechoukaj.
En général, les manifestations demandent la fin de la misère engendrée par les hausses considérables du prix du carburant – essence et diesel. Le gouvernement fixe ces prix et les a augmentés deux fois depuis qu’Henry a pris le pouvoir – le prix de l’essence a augmenté de 128% ; le kérosène et le diesel ont augmenté de 90%.
La plupart des Haïtiens vivent avec moins de 2 dollars par jour. L’inflation, qui a augmenté de 30 %, signifie que davantage de personnes souffrent de la faim.
Biden aux Nations Unies.
Si les manifestations ont commencé de manière pacifique, elles ont été de plus en plus marquées par des flambées de violence au fil des semaines. Les manifestants ont pris pour cible des banques, bloqué des routes avec des pneus enflammés et mis à sac des entrepôts. Lorsque les policiers ont tenté de disperser les manifestations à l’aide de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc, les manifestants ont répondu par des pierres et des bouteilles.
À l’ONU, le 22 septembre, le président Joe Biden a déclaré : “Nous continuons à soutenir notre voisin haïtien, confronté à la violence des gangs alimentée par la politique et à une énorme crise humaine. Et nous appelons le monde à faire de même. Nous avons encore beaucoup à faire.”
Deux points méritent d’être soulignés : La quasi-totalité de la violence perpétrée en Haïti est alimentée par les 500 000 armes importées – pour la plupart illégalement – de Floride. Si le gouvernement américain était vraiment préoccupé par la violence en Haïti, les agences fédérales n’auraient qu’à appliquer les embargos des Nations unies sur l’exportation d’armes vers Haïti.
Washington ne montre aucun signe qu’il va s’engager dans un plan pour ne serait-ce qu’atténuer la crise actuelle. Daniel Foote, haut diplomate américain et conseiller spécial de Biden sur Haïti, qui a démissionné lorsque l’administration de Biden a commencé à expulser des milliers de réfugiés haïtiens à la fin du mois de juillet, a, avec le président dominicain Luis Abinader, publiquement poussé les États-Unis à intervenir militairement. Actuellement, le nombre d’Haïtiens qui ont été déportés s’élève à plus de 20 000.
Bien qu’Haïti n’ait pas la capacité de résister à une incursion militaire américaine, son histoire politique montre qu’elle a une opposition profonde et de longue date à toute forme de néocolonialisme. Au cours des 15 années d’intervention de l’ONU en Haïti, de 2004 à 2019, il n’a pas été en mesure de surmonter cette résistance et de mettre en place un régime stable.
Il existe une société de développement économique appelée CODEVI (acronyme de la version française de Industrial Development Company), située à Ouanaminthe, jumelée avec la ville dominicaine Dajabón. CODEVI emploie plus de 20% des travailleurs de la production dans le pays. (HaïtiLibre, 29 septembre)
Le 29 septembre, des Haïtiens qui tentaient d’entrer à Dajabón se sont battus avec les autorités frontalières dominicaines, qui ont alors fait appel à l’armée dominicaine. Des vidéos téléchargées sur Twitter montrent des soldats dominicains armés patrouillant dans les rues de Ouanaminthe, tandis que l’on entend des coups de feu. HaïtiLibre et le Haitian Times rapportent que des arrestations ont été effectuées.
La sensibilité aux troupes étrangères sur le sol haïtien est claire.
Les prisonniers en Haïti sont affamés
Environ 80% des prisonniers en Haïti sont en attente de jugement. Un rapport présenté aux Nations unies la dernière semaine de septembre indique qu’une cinquantaine de décès survenus dans les prisons haïtiennes en septembre étaient dus à la “malnutrition”, c’est-à-dire au manque de nourriture.
Une évasion a eu lieu dans la seule prison pour femmes d’Haïti à la fin du mois de septembre. Les prisonnières ont ligoté les gardiens et se sont échappées, après que des policiers du commissariat local venus reprendre la prison se sont heurtés à un barrage routier et ont perdu la fusillade qui s’en est suivie.
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